Evénements antérieurs

 

La guerre pour MEDUSA V a pris fin dans une effusion apocalyptique de terreur et de violence lorsque la tempête Warp a submergé la planète déchirée par les combats.

Avalé par l’essence même du chaos, le témoignage de milliers d’atrocités occasionnées au cours de mois de souffrances a disparu dans un hurlement strident, amplification de milliards de voix et de cris, humains ou non, des derniers représentants des espèces en conflit encore présents sur le monde dévasté.

L’une des dernières sections armées à quitter la planète fut celle du Grand Maître Taranis, menant vaillamment ses chevaliers gris au devant d’un important contingent nécrons. Ils étaient venus prêter main forte à un détachement de space marines acculés et préparés à mourir le plus dignement possible face aux terribles xenos. Ce qui était apparu comme une lueur d’espoir se transforma en déception supplémentaire lorsque les marines découvrirent que l’effectif commandé par Taranis avait subi de lourdes pertes en affrontant son ennemi de toujours : le seigneur du chaos Dahaka. Il devint certain pour tous ces fiers guerriers que leur destin s’accomplirait dans une mort honorable. Entonnant leur plus grand cantique à la gloire de l’Empereur, les chevaliers gris chargèrent dans les rangs nécrons. Personne ne sut comment expliquer le phénomène qui suivi, et nombreux furent ceux qui l’interprétèrent comme une manifestation du pouvoir de l’Empereur : alors que Taranis, en tête, galvanisé par le chant des saintes écritures approchait des êtres de métal impassibles, deux intenses éclairs d’une lumière aveuglante frappèrent le sol poussiéreux de la planète condamnée, creusant un profond sillon sur chacun des flancs des Spaces marines regroupés en fer de lance pour l’ultime charge. Dans un grondement de fin du monde, le sol se fissura, disloquant le champ de bataille pour n’épargner que la mince partie occupée par les courageux guerriers.

Alors que l’armée nécron chutait dans un abysse de lave en fusion, jusqu’au noyau meurtri de MEDUSA, Taranis aperçut une forte lueur verte croître au sein d’une structure monolithique encadrée de tours gigantesques : un portail.

MEDUSA sombra à l’instant même où le dernier space marine encore valide franchissait la porte ésotérique vers un monde inconnu.

Au même instant, à des centaines d’années lumière, un croiseur de bataille TAU approchait de la bordure oriental du segmentum solaris, à destination de la planète de DARK SPHERA, nommée ainsi en raison de ses nuits particulièrement longues, phénomène dû à une rotation lente autour d’un soleil éloigné.

Les flancs de l’imposant vaisseau de guerre, dissimulé par un système de camouflage particulièrement avancé, arboraient le symbole de la caste dissidente du commandeur Farsight. Une seule allusion à « l’hérésie Farsight », combattant de la caste du feu puissant et belliqueux du peuple tau, suffisait généralement à enflammer de haine et de mépris le peuple Tau tout entier, et plus particulièrement ses dirigeants, les Ethérés, qui avaient désavoué Farsight suite au schisme que la doctrine qu’il prêchait avait causé au sein de ce peuple basé sur le communautarisme. Là où les Ethérés voyaient le devoir et l’obéissance pour le bien du peuple Tau, Farsight voyait l’esclavage et l’assujettissement à une politique dont les retombées ne pouvaient satisfaire son ambition. Farsight s’était créé son propre empire, par la force et la destruction. Il avait colonisé mondes après mondes pour son seul profit, et celui de tous ses suivants qui se montreraient assez forts pour le servir et en profiter. Les guerriers tau en approche de DARK SPHERA étaient de cela. Mais avant d’intégrer les rangs du commandeur, ils devraient prouver leur valeur en combattant l’un des pires ennemis que la race Tau ait jamais eu à affronter, une espèce sans pitié dont l’acharnement à la guerre forçait le respect…

DARK SPHERA serait le lieu de leur épreuve, ainsi en avait il était décidé.

Le croiseur stoppa son approche. Après confirmation des dernières données sur leur position et des rapports de détection de signaux ennemis, le vaisseau tira un unique rayon d’une puissance formidable en direction de la planète, qui alla perforer profondément sa croûte glacée aux abords d’une station de reconnaissance occupée par un faible contingent de la garde impériale.

L’épreuve venait de débuter… il n’y avait plus qu’a attendre.

L’expédition avait été préparée à la hâte, ce qui ne plaisait guère au lieutenant Dauckins. Mais il fallait reconnaître que les rapports étaient pour le moins inquiétants. L’équipe en place avait fait état d’un trou béant dans la calotte glacée de la planète, non loin de la station de reconnaissance où il venait d’être affecté… quelle chance. Si Dauckins avait souri à la lecture des témoignages sur le sujet, une appréhension sourde le prit au ventre une fois sur place. Tel un forage parfait, le trou d’un diamètre de près de vingt mètres exhibait des parois lisses s’enfonçant profondément dans l’obscurité. L’attention se porta bien évidemment sur les abords de la planète, à la recherche d’une présence potentiellement hostile.

Le lendemain de la découverte, un vaisseau eldar, l'ombre d'Alaïtoc fut effectivement identifié. Immédiatement, le gouvernement local procéda aux mesures de défenses habituellement requises lors d’un assaut orbital, bien qu’aucune autre force xenos n’ait été détectée. Un tir de semonce stoppa le croiseur eldar qui entreprit d’envoyer des émissaires sur DARK SPHERA.       

Dauckins avait d’abord cru comme beaucoup que le tir visait la station et l’avait manquée, même s’il ne pouvait l’expliquer. Le groupe de bâtiments n’avait en effet aucune importance stratégique et sa destruction se serait avérée de faible utilité en cas d’assaut massif visant à coloniser la planète. C’était plus une sorte de relais météo et de poste avancé lors des rares déplacements que devaient assurées les patrouilles étudiant la stabilité de la calotte glacée, immense étendue neigeuse recouvrant le tiers de la planète par son pôle Nord.

Très vite cependant, alors que la tension montait entre les diplomates eldars et impériaux, les instruments équipant la station détectèrent une activité souterraine inhabituelle. Craignant une fonte accélérée des couches inférieures de la planète causée par l’appareillage ayant servi à perforer la surface de DARK SPHERA, une expédition, menée par Dauckins, fut envoyée sonder les profondeurs, mais ne donna bientôt plus signe de vie.

Le contact radio fut coupé rapidement, mais l’épaisseur créée par les multiples strates de glace composant le manteau planétaire et la profondeur du trou étaient conséquentes, aussi ne soupçonna-t-on d’abord rien d’anormal.

A des kilomètres sous terre pourtant, une machinerie complexe était en marche. Quelque chose avait été construit là voilà plusieurs millénaires, bien avant que la re-colonisation de la planète ne débute suite à une catastrophe inexplicable qui avait entraîné la mort de tous les premiers colons. L’équipe de Dauckins découvrit une construction sophistiquée agencée en un labyrinthe mobile qui abritait en son sein la plus abominable des espèces jamais rencontrées par l’homme : des tyranides. Juste avant de perdre connaissance dans le bac à digestion dans lequel il venait d’être jeté à demi-mort, Dauckins comprit qu’il était la nourriture venue réveiller une immense couveuse…portant la marque Tau.

Alors qu’il palabrait encore avec les diplomates impériaux, le prophète Shezaar Panshir réalisa pourquoi son espèce avait si mauvaise opinion des humains. Il lui semblait qu’après trois jours de discussions animées sur le fait de savoir si oui ou non son croiseur avait tiré une salve sur DARK SPHERA le débat n’avait pas progressé d’un pouce. Au contraire, la tension montant, le dialogue devenait plus agressif d’heure en heure.

Shezaar songea un instant que si les impériaux avaient eu vent de sa véritable identité, ils auraient tous été immédiatement exécutés. L’ost d’Alaïtoc était en effet réputé pour ses compétences en matière de guérilla urbaine, d’infiltration et d’assassinat, ce qui lui valait la méfiance et le mépris de bien des mondes impériaux. Shezaar avait souvent mené des missions commando visant à saboter des usines d’armement ou à renverser des gouvernements impériaux. La garde impériale et les space marines avaient repris le nom dont l’avait baptisé un chef ork inspiré par ses faits d’armes et son efficacité : Le Renard du Désert. Parfois ses actions jouaient en faveur des ennemis de l’empire humain, et parfois non, lorsque que ses cibles étaient des rebelles infectés par le chaos. A la vérité, le seul but poursuivi par Shezaar visait à maintenir le statu quo : l’Impérium était un mal nécessaire à la survie de la race Eldar. Cette vérité, Shezaar l’avait apprise de son mentor, alors que celui-ci avait localisé le temple des monstrueux culexus sur une planète cachée et s’était résigné, la mort dans l’âme, à ne pas le détruire malgré l’armement conséquent dont il disposait. Il s’employait donc à préserver l’Impérium de la vermine, tel un arbuste fragile, en élaguant toutefois les branches qui tendaient à le faire croître. Ceci lui valait l’inimitié de bien des vaisseaux mondes eldars qui l’accusaient de traîtrise. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Ost de l’Ombre d’Alaïtoc était bien plus lourdement armée qu’une Ost d’Alaïtoc standard, afin de ne pouvoir compter que sur ses seules ressources.

Mais la véritable force du prophète était qu’il avait appris à entrevoir les futurs possibles et que toutes ses actions étaient mûrement réfléchies. L’ombre d’Alaïtoc aurait pu sans problème poursuivre son chemin dans des conditions normales, mais l’avarie qu’il avait subie suite à l’assaut d’une flotte de pirates eldars noirs et l’étrange vision qu’il avait eue récemment l’avait poussé à se risquer sur DARK SPHERA. Malgré des siècles d’expérience, ses pensées étaient restées mystérieusement floues : une surface liquide verdâtre, ondulant au rythme croissant du martèlement continu de milliers de créatures indistinctes, puis une ombre plus furtive encore que les rangers de son ost, éclairée par intermittence par une pulsation bleutée et sourde ; ensuite le souffle rauque et terrifiant d’une respiration dans les ténèbres soudainement percées de l’éclair scintillant d’une lame montée sur une longue hampe en adamantium. Enfin, dans un silence absolu, émergeant peu à peu de la surface liquide, un visage eldar portant la marque de l’ancien royaume.

Shezaar Panshir, qui se faisait passer pour un simple ranger par mesure de sécurité, s’était écarté des débats houleux et songeait à ce fameux rêve lorsque l’alarme générale fut donnée :

un vaisseau forteresse du chaos venait d’être détecté dans le secteur proche de DARK SPHERA. Oubliant pour un temps leurs dissidences, eldars et impériaux se préparèrent à défendre un intérêt commun : leur survie.

Le seigneur du chaos Dahaka observait les écrans de contrôle du gigantesque vaisseau forteresse. Il suivait un signal émis par un « agent infiltré » au sein des space marines qui lui avaient échappé sur MEDUSA. Il savait que sa défaite sur la planète détruite par les Rapides lui vaudrait la mort s’il revenait se présenter à Ygehtmor… à la condition que lui-même soit encore en vie ! Il avait donc décidé de racheter sa faute en capturant Taranis, le grand maître des chevaliers gris qui avait dérobé l’Orbe Noire, un artefact qui devait servir à ouvrir le seuil infernal sur MEDUSA. Le nom même du Grand maître semblait lui écorcher atrocement la bouche, tant il grimaçait en le prononçant. Il songea que dans le chaos et la terreur de l’enfer qu’était rapidement devenu MEDUSA, il avait été aisé de corrompre une partie des space marines qui y avaient combattu. Par chance, l’un d’entre eux avait survécu et dans le tumulte, avait pu suivre le Grand maître. Grâce aux pouvoirs de vision du chaos, Dahaka avait assisté à la victoire miraculeuse des chevaliers gris face aux nécrons, et avait guidé son serviteur  au travers d’un portail mystérieux.

Il les avait ainsi suivis jusqu’ici. Dahaka n’était toutefois pas seul, il avait en effet trouvé judicieux de s’allier à un puissant seigneur de Nurgle, rescapé tout comme lui avec une partie de son armée, du « massacre MEDUSA ». Si tous deux agissaient dans le but de retrouver la confiance de leur maître suprême, Abaddon Le Fléau, ils virent bien vite quel profit ils pourraient tirer de la situation : en modifiant les données de l’étrange portail d’arrivée, dont ils devinaient à présent l’existence sur DARK SPHERA, grâce à l’Orbe Noir, ils pourraient à nouveau tenter d’ouvrir un seuil infernal, bien que de moindre importance, et offrir la majeure partie de la bordure orientale aux hordes de démons du Warp !

L’alerte signifiant qu’ils venaient d’être repérés par les relais de défense orbitaux ne diminua même pas l’enthousiasme de Dahaka. « Quel délicieux carnage se sera bientôt ! » jubila-t-il intérieurement.

Le Chef de guerre ork leva un instant les yeux au ciel. Il avait fallu que sur toutes les planètes qu’il avait croisé durant son voyage ce soit justement celle qu’il voulait piller qui devienne en quelques jours à peine, le rassemblement de six races aux objectifs quasi opposés. Il jeta un regard en arrière en direction du space hulk écrasé. De multiples brèches dans la coque donnaient un aperçu de la puissance de feu qu’ils avaient subi, lui et ses guerriers, qui finissaient d’extraire ce qui pouvait encore être sauvé de l’épave. Cass’Tronch, son bras droit, avait également survécu au crash. Un mékano s’occupait de réajuster ses deux bras cybernétiques, pulvérisés lors de l’explosion d’un gros fling il y avait plusieurs années. Cass’Tronch s’approcha pour faire son rapport. Le chariot de guerre et une bonne partie de l’armée semblaient intacts… une chance.

Le chef songea que tout s’était vraiment déroulé très vite. Dès leur arrivée dans l’atmosphère de la planète, ils avaient été la cible de tirs nourris venus de nulle part. Des tirs dévastateurs, causés par des armes plus puissantes encore que le canon zap (quand il fonctionne). Le chef avait dès lors soupçonné les Tau. Il n’en avait pas souvent rencontrés, mais le souvenir qu’il en avait gardé s’associerait pour toujours à des épaves fumantes de trucks projetés en tous sens.Le vaisseau, dépressurisé, s’était ensuite cassé en deux. Les réacteurs de secours avait permis un atterrissage de fortune sur les flancs gelés d’une des nombreuses chaînes de montagne hérissant la surface de la planète. Par miracle, l’autre partie du vaisseau, échoué sur le versant opposé de la falaise avait laissé des survivants, mais le contact radio avait été coupé après qu’une alerte « bestiole » ait été donnée… depuis plus rien. Bestiole… çà devait être des tyranides. De mieux en mieux.

Clef d’douz, le mékano le plus doué de la bande, avait par la suite réussi à pirater un canal crypté de la planète…

Apparemment des eldars, stationnés en orbite, se préparaient à une défense acharnée face à l’arrivée d’un vaisseau-forteresse du chaos.

Un craquement sur une corniche qui surplombait le site du crash le tira de ses pensées. Les tyranides avaient dû les repérer et pour l’instant il conclut qu’il valait mieux filer. L’important c’était de se regrouper quelque part, et justement il avait détecté une petite station non loin, tenue vraisemblablement par une faible garnison de gardes impériaux.

En vérité il pensa que tous ces évènements l’importaient peu. Il était un chef de guerre venu pour se battre et piller les ressources de cette planète pour sa WAAAGH et c’est ce qu’il ferait. Il allait juste y avoir plus de monde sur qui taper !