La Bataille pour Dark-City

Le colonel Dauckins sortait tout juste de l’infirmerie de fortune montée à la hâte pour soigner les rescapés de ce qu’on appelait désormais « le massacre de la basilique ». Le commissaire Von Starck était quasiment le seul à en être sorti à peu près indemne. Il avait rejoint les troupes en faction sur la place de l’Ange en portant le capitaine Jenckins sur l’épaule. Gravement blessé, ce dernier avait finalement trouvé la mort sur son lit de camp, l’hémorragie causée par une profonde blessure au côté ayant eu raison de lui. C’était finalement mieux que d’être dévoré vivant…

Von Starck rejoignit Dauckins après que l’un des infirmiers lui eut appliqué un pansement sur le visage. Il avait été blessé en ralliant la place, un essaim d’hormagaunts ayant pris les survivants du massacre de la basilique en chasse.

« Pas trop grave Commissaire ? » s’enquit faussement Dauckins.

Von Starck grommela, arrachant d’un geste agacé la bande qui lui masquait le côté droit du visage et révélant une hideuse et profonde balafre sanguinolente.

« Ne vous foutez pas de ma gueule colonel… j’ai laissé ce bleu jouer à la poupée uniquement pour qu’il me lâche la grappe ! »

Le colonel frissonna à ce spectacle. Von Starck était déjà affublé d’une horrible cicatrice sur le côté gauche du visage. A présent ces traits ravagés n’avaient plus rien d’humains. Tel un spectre macabre, Von Starck dévisagea gravement Dauckins de son seul œil encore valide.

« On s’est fait mettre colonel… vous n’imaginez pas à quel point. » Von Starck soupira et s’assit un moment. Il songea au gâchis en hommes et matériels qu’avait représenté leur dernier « accrochage » avec les tyranides. Les saloperies de bestioles avaient tué tout le monde… ou presque. Le capitaine Jenckins était mort…encore un officier en moins. Il n’en restait plus beaucoup. Au moins il n’aurait pas à le flinguer pour manquement à son devoir celui-là.

« Où sont les tyranides maintenant Von Starck ? » la voix de Dauckins était impérieuse, sèche.

Von Starck se figea un instant devant l’insolence du propos puis sourit. Il venait de se rappeler que le colonel avait perdu un fils depuis le début de la campagne de reconquête de DARK CITY. Il était fort probable que ce fut à cause des tyranides d’ailleurs.

« Eh bien Dauckins… on se sent des envies de vengeance ? » Von Starck affichait un rictus malsain, un mince filet de sang perlant sur son œil droit d’un blanc laiteux.

« Arrêtez de sourire Von Starck, votre plaie se rouvre. » lâcha le colonel goguenard.

Le commissaire empoigna Dauckins par le col, le soulevant de terre. Il ne riait plus.

« Vous allez arrêter vos conneries Dauckins… ou je vous descends qu’en bien même nous manquons d’hommes. Et puis c’est COMMISSAIRE Von Starck. »

Le colonel acquiesça d’un léger signe de tête et Von Starck le posa au sol.

Le commissaire fit quelques pas, pivota brusquement, puis revint vers Dauckins, les bras croisés dans le dos. Il reprit d’un ton posé.

« Colonel ces petites saloperies vont bientôt venir. Elles progressent à un rythme effréné dans les rues de cette maudite citée… et bien qu’il m’en coûte de dire cela, elles réfléchissent avant d’agir. » Von Starck songea avec amertume à l’embuscade qu’elles leur avaient tendus. Une telle préparation était prodigieuse chez des insectes et dépassait toutes ses prévisions.

« Que comptez vous faire alors ? » s’enquit Dauckins.

« La seule chose qu’on peut encore faire… attendre et résister Colonel…attendre et résister. »

Von Starck s’éloigna pour se diriger vers l’armurerie d’un air dégagé.

L’assaut eut lieu à l’aube. Profitant de la pénombre, les tyranides s’étaient infiltrés dans les bâtisses adjacentes, sans éveiller l’attention des sentinelles postées tout autour de la Place. Au centre, la statue de Sanguinius, primarque ailé des spaces marines Blood Angels se dressait fièrement, son bras armé levé vers un ciel nuageux. Il ne faisait jamais vraiment jour à DARK CITY, mais la « nuit » les ténèbres étaient plus denses encore. Le colonel Dauckins admirait encore la sculpture de métal et de pierre, regrettant qu’elle ne fut pas aussi réelle qu’elle le laissait croire dans l’obscurité ambiante, lorsque l’alarme retentit soudain. Les tyranides traversèrent rapidement les premiers mètres de terrain découvert, dégagé pour la circonstance. Une explosion de tirs de barrage retentit : l’aviation bombardait les lignes ennemies. Des hurlements rauques à glacer le sang s’élevèrent : les grosses créatures avaient subi des dégâts. Rassuré par cette perspective, le colonel ordonna à ses sentinelles d’avancer sur le flanc droit. Von Starck n’eut pas le temps d’empêcher cette manœuvre téméraire : au coin d’un bâtiment, le « vampire » attendait, escorté de ses genestealers. Les tyranides réutilisaient la même tactique. Un instant, Von Starck eut l’impression de revivre l’enfer de sa dernière bataille. Un sentiment d’impuissance l’envahit… le carnage allait recommencer.

« Bestioles en approche ! Feu à volonté !» Von Starck n’y pouvait rien, tel un cri de guerre, les mots sortirent d’eux mêmes.

Si l’effet de surprise avait auparavant joué en faveur des tyranides, ils perdirent cette fois nombre des leurs dans leur approche. La garde tenait ses positions, mais déjà les genestealers assaillaient le flanc droit, détournant son attention tandis que des silhouettes massives commençaient à apparaître non loin. Les hommes, effrayés et épuisés par une tension de tous les instants ajustaient mal leurs tirs, manquant souvent les rapides créatures. Le temps jouait contre eux et Von Starck pesta contre tant de maladresse. Il arracha le fusil des mains de l’un des hommes postés à côté de lui, visa un instant et fit feu, abattant un genestealer d’un tir en pleine tête.

« Où tu as appris à tirer crétin ? A la fête forraine ?! » Von Starck rendit son arme au soldat dans un sifflement de mépris. Il sortit son propre pistolet et le pointa sur la tête du jeune homme.

« Allez tires maintenant ! Et si tu rates je te descends t’as compris ?! »

Après cette intervention, les tirs se révélèrent soudain plus efficaces, mais Von Starck savait qu’il leur restait peu de temps avant que le pire n’arrive…

Les pertes étaient encore acceptables lorsque surgirent de nulle part des lictors, monstrueuses créatures furtives capables de déchirer le blindage du char le plus épais comme du papier. Von Starck sut dès lors que tout était perdu. Il remarqua que le colonel Dauckins, barbouillé de sang xenos, continuait de vociférer ses ordres à travers un mégaphone qui ne fonctionnait même plus. Cette vision le fit sourire et il sauta au bas de son char. Lui aussi se battrait jusqu’au bout.

Alors qu’il parvenait à se frayer un passage sanglant au travers d’une nuée de termagants, Von Starck remarqua que le char de Dauckins se dirigeait au centre de la place, vers la statue de Sanguinius. Ce symbole de foi et de dévotion envers l’empereur ne devait pas être souillé par une engeance aussi vile que les tyranides. Von Starck salua intérieurement ce geste de bravoure, lui même ne pouvant prêter main forte au colonel, sa chimère ayant été réduite en miette par les coups répétés d’un lictor.

Submergée par l’ennemi, la garde impériale ne put empêcher les énormes carnifex de parvenir au contact. L’affrontement prenait un tournant décisif. Si la garde perdait, si la statue tombait, le moral de leurs alliés en pâtirait grandement dans les conflits à venir. Le combat prenait d’un coup une dimension bien plus grande.

Le Commissaire esquiva habilement une griffe qui menaçait de le décapiter lorsqu’une explosion secoua le sol déjà jonché de cadavres humains et xenos. Le char de Dauckins avait été détruit. La dépouille ensanglantée et mutilée du colonel s’accrochait encore désespérément aux pieds de la statue de Sanguinius, comme s’il se fût agi de son fils disparu. Sans même s’en apercevoir, le carnifex à l’origine de ce massacre pulvérisa le monument d’un revers de ces énormes pinces, courroucé par la présence d’une forme humanoïde à ses côtés. Broyé sous les décombres, Dauckins émit un horrible râle d’agonie avant de s’éteindre définitivement.

« Saloperie de bestiole… je vais t’apprendre à dégrader la propriété de l’Empereur. » Von Starck avait retrouvé des forces, poussé par une haine sans limite, il chargea seul en direction du carnifex.

Le combat, par trop inégal, fut vite réglé. Même un space marine aurait été impuissant face à une telle monstruosité…et Von Starck n’était somme toute qu’un homme. Bloqué dans les pinces du carnifex, il sentit la pression de la chitine traverser ses vêtements et  sa chair. Le sang monta à flot dans sa gorge et il cracha à la face de la créature qui, surprise, le porta à hauteur de sa gueule balafré par les combats, sa capacité de régénération n’ayant que partiellement agi à certains endroits. Saisissant l’occasion, le commissaire brandit son arme et la déchargea à bout portant, pulvérisant dans une gerbe de liquide épais et visqueux l’œil droit de la créature. Fou de douleur, le carnifex rugit de colère, refermant ses pinces sur Von Starck dans un réflexe de défense.

Le corps cisaillé du commissaire tomba au sol dans une effluve de sang. Le choc et la douleur était telle que Von Starck se sentit engourdi et ne hurla même pas, regardant l’air contrit ses jambes rouler sur le sol.

Le carnifex fixa de son œil valide Von Starck tandis qu’il agonisait. Quelle était cette petite chose qui lui résistait ? Dans un soubresaut le commissaire laissa échapper un rire étranglé, étouffé par son propre sang.

« On a la même gueule sale raclure,…vieux…con de …borgne ! »

Puis les ténèbres le prirent.

Le commissaire s’impatientait…Le chemin de ronde de l’énorme bâtisse fortifiée qu’il arpentait depuis des heures, les mains dans le dos et la tête baissée, résonnait de son pas lourd, ajoutant à la tension et au stress ambiant. Alors qu’il repassait à nouveau à hauteur du poste émetteur de la Basilique Impériale, Ian Von Starck n’y tînt plus.

« Qu’avez vous de nouveau sergent ? »

Surpris après des heures à attendre le moindre grésillement rassurant sur la santé de la patrouille partie en reconnaissance dans les quartiers brumeux de DARK CITY, le sergent Guss sursauta, manquant de tomber de sa chaise. Le ton sec et autoritaire du commissaire l’obligea cependant à répondre au plus vite.

« Aucune nouvelle Monsieur, rien depuis des heures…Ils sont peut être hors de portée du signal ? »

L’immense stature de Von Starck était penchée sur le sergent qui demeurait prostré, la tête dans les épaules et les fesses à moitié dans le vide. Le commissaire ne releva même pas le ridicule de la situation… s’il suffisait de si peu pour apeurer ce soldat qu’en serait il lorsqu’il serait confronté à l’Ennemie ?

« Saloperie de bestioles de m… » songea tout haut Von Starck. Un instant il demeura ainsi, immobile et le regard fixe, les mains toujours croisées dans le dos, à murmurer les pires injures dans toutes les langues qu’il connaissait. Plongé dans l’ombre de cette inquiétante silhouette, le sergent écoutait, paralysé, un frisson lui parcourant l’échine.

Von Starck n’était pas un enfant de chœur et bon nombre de soldat avait appris à leur dépens qu’il valait mieux ne pas le contrarier. Le commissaire se redressa, sortant de sa demi torpeur. Son regard incisif se fixa sévèrement sur le sergent.

« Eh bien ! Faut-il que je me serve moi-même de cette foutue radio pour savoir ce qui se passe là bas ?! » aboya le commissaire les yeux écarquillés.

La petite veine de la contrariété vibrait frénétiquement sur sa tempe gauche, prolongeant l’horrible balafre qui lui coupait le visage en deux.

Saisi de terreur, le sergent agrippa vivement d’une main tremblante le communicateur, renversant le contenu brûlant de sa timbale sur ses genoux ainsi que les notes manuscrites éparpillées çà et là. Ravalant sa douleur il tourna doucement le bouton de fréquence.

« Allô, allô code Bravo à vous… ici tour opérator est ce que vous me recevez ? Répondez ici tour opérator… ».

N’y tenant plus, le commissaire s’empara du communicateur, bousculant le malheureux sergent qui alla rouler dans le fonds de la pièce.

« Où êtes vous bandes de crétins ?! » hurla Von Starck.

N’obtenant aucune réponse, il se saisit de l’ensemble de l’appareillage et projeta les 45 kilos de la machine à travers la porte, le tout allant s’écraser à quelques pas de la sentinelle en contrebas. Une fois calmé, Von Starck épousseta son épais manteau de cuir et repris sur un ton neutre :

« Sergent, vous direz à cet imbécile de technicien qu’il a maintenant du travail à faire… je veux que cette radio fonctionne correctement ce soir… et puis dîtes lui de réparer la porte aussi. » Il sortit rapidement en claquant les talons.

Au delà de ces accès de colère démesurés, Von Starck savait qu’il n’avait plus le choix. L’émetteur de la patrouille qu’il cherchait désespérément à joindre fonctionnait toujours, un signal intermittent apparaissant sur le contrôle de la Basilique. La seule conclusion logique, c’était qu’il n’y avait plus personne pour répondre, pas besoin d’être un stratège pour comprendre. Von Starck n’avait cure d’envoyer des hommes à la mort si cela servait la cause de l’Empereur. Mais les réserves s’amenuisaient tant en hommes qu’en matériel. La patrouille perdue avait déjà pour mission de rapporter des cellules d’énergie, laissées sur place lors de la précédente attaque tyranide. L’Ennemie…

Ces saloperies de bestioles comme il les appelait. Cette engeance était faîte pour tuer et il reconnaissait qu’elle était douée pour cela. Si la moitié de ses hommes avait pu avoir l’agressivité et l’absence total d’instinct de survie qui caractérisaient les tyranides, Von Starck aurait eu tôt fait de débarrasser cette ville de tous ces foutus xenos. Les eldars les avaient lâchement abandonnés à leur sort après avoir trouvé une opportunité de fuir vers leur vaisseau en orbite. Au moins il n’aurait pas à craindre de les avoir sur le dos une fois la menace tyranide vaincue… mais pouvait on seulement la vaincre ? Von Starck chassa cette pensée hérétique de son esprit en se mordant l’intérieur de la joue jusqu’au sang… le triomphe de l’empereur ne faisait aucun doute, cette misérable ville resterait Sa propriété.

Le commissaire cracha le sang qu’il avait dans la bouche et se tourna vers le capitaine Jenckins.

« Capitaine Jenckins il semblerait qu’une quinzaine de vos soldats se soient égarés dans les rues de cette citée. On va retrouver ces fillettes et leur expliquer comment fonctionne un poste émetteur ! »

Jenckins eut un rictus. L’humour caustique du Commissaire valait toujours mieux qu’un éloge funèbre pour le moral des troupes…

A quelques centaines de mètres de la basilique, une intelligence guidée par l’instinct communiquait silencieusement avec la masse grouillante de créatures postée en retrait. Les petits yeux d’insectes, noirs et vitreux, du genestealer alpha parcouraient les ruines. Ces mouvements de tête vifs et saccadés  balayaient le futur champ de bataille, enregistrant une incroyable foule de données retransmises psychiquement au reste des tyranides. La patrouille qu’ils avaient chassée la veille avait réouvert l’appétit des tyranides : il leur fallait de nouvelles proies. Déjà les cheminées organiques édifiées sur la dernière scène de carnage s’essoufflaient… La Grande Dévoreuse avait faim.

Après un dernier repérage, la monstrueuse créature se détourna. L’embuscade serait préparée avec minutie.

A l’aube, Von Starck et un détachement de blindés émergèrent des remparts fortifiés de la basilique. L’air frais et humide laissait planer une odeur désagréable, mélange de souffre et de sang. Malgré les avertissements de Jenckins, le commissaire dirigea le convoi vers le signal émis par le transmetteur de la patrouille disparue. Les tyranides étaient certes féroces, mais de là à penser qu’il s’agissait d’un piège … ce n’était que des insectes après tout !

Pourtant alors qu’ils avaient dépassé le premier pâté d’immeubles en ruines, Von Starck eut une sensation étrange. Quelque chose se préparait. Une rafale de tirs de fusil laser le sortit de ses pensées.

« Qui a donné l’ordre de tirer bandes d’imbéciles ? » hurla Jenckins.

« Capitaine j’ai vu un truc qui bougeait par là… çà ressemblait vachement à un « vampire » ! »

Von Starck se retourna rapidement vers le soldat fautif. Un « vampire » … c’était ainsi qu’ils nommaient les genestealer alpha…. une ignoble machine à tuer plus performante encore dans ce domaine que toutes les autres créatures de taille similaire réunies.

Une pierre roula soudain au bas d’un étage déchiqueté par les obus dans le bâtiment le plus proche du convoi.

« Bestioles en approche ! Feu à volonté ! ». Von Starck avait crié sans y penser, d’instinct.

Se sachant repérés, les tyranides surgirent en masse de leurs couverts de gravas. L’embuscade avait fonctionnée, les troupes impériales étaient déjà à portée de crocs.

Von Starck monta rapidement dans la chimère de tête, tandis que le « Vampire » menait ses genestealers dans les rangs des soldats terrifiés. La voix grave et sèche du commissaire grésillant dans le mégaphone les rappela à leur devoir et ils se regroupèrent en peloton pour faire feu sur cette horrible menace.

L’effet de surprise jouait toutefois en faveur des tyranides. Les blindés résistaient tant bien que mal aux fluides organiques corrosifs de l’Ennemie, répliquant de leurs canons en tuant nombre de créatures, mais alors que l’espoir naissait dans les rangs des impériaux, le sol se souleva dans une violente secousse, comme agité de spasmes terribles. Une large fissure stria soudain le bitume endommagé éclatant telle une plaie ouverte pour laisser surgir une effrayante monstruosité. Le massif Carnifex secoua sa carcasse hérissée de longues plaques chitineuses pointues afin d’en faire tomber les lourds gravas dans un nuage suffoquant de poussière âcre. Les immenses pinces broyeuses hypertrophiées du mastodonte s’abattirent sur le char le plus proche, le ratatinant telle une vulgaire canette de soda. Von Starck s’immobilisa... il s’apprêtait à hurler au leman Russ de la colonne de faire feu lorsqu’il vit avec horreur qu’un autre carnifex avait surgi des décombres. Il s’était fait avoir… en beauté. Ils allaient tous crever s’il restait là çà ne faisait pas un pli. Même l’Empereur n’y pourrait rien. Quittant le relatif abri de sa chimère, Von Starck courut vers Jenckins qui avait miraculeusement survécu au massacre.

« On s’arrache capitaine ! Il faut prévenir les troupes de la place de l’Ange que les tyranides approchent ! »

Von Starck se jeta au sol pour éviter l’ignoble décharge d’un canon venin.

Jenckins était blessé. Un éclat de métal était enfoncé dans son côté droit. Le commissaire le remarqua.

« J’emporte un souvenir de mon leman Russ Commissaire… çà vous dérange pas ? » la respiration du capitaine était difficile. Il transpirait sous la douleur. Mais c’était un soldat.

« C’est la propriété de l’Impérium… mais parce que c’est vous je ne dirai rien ». Von Starck sourit... Ils avaient perdu cette manche, mais il espérait que çà ne durerait pas… cette pensée chassait le désespoir qui commençait à le gagner. Sa volonté de fer prit le dessus. Tenant Jenckins sous le bras, ils déguerpirent aussi vite que possible avec les survivants qui le pouvaient.

Derrière eux, les tyranides transportaient déjà les cadavres vers les fosses à digestion. L’odeur de souffre et de sang serait plus forte dans les prochaines heures.

Originaire du monde de Sa’cea, O’SHARINGAN servit sous les ordres de O’R’MYR, suprême commandeur de la coalition Tau envoyée sur le monde minier de Taros dans le cadre de la deuxième phase d’expansion. Alors shas’ui guerrier de feu, le jeune Tau que l’on surnommait déjà « Kais » (qui signifie « doué » dans la langue Tau) accomplit bon nombre de missions périlleuses pour déstabiliser les régiments de la Garde Impériale dirigés par le commandant DE STAEL. Lors d’une embuscade sur un convoi de ravitaillement ennemi, la totalité de ses camarades furent tués par des sentinelles. O’R’MYR le nomma shas’vre pour la bravoure dont il avait fait preuve en refusant stoïquement d’abandonner la mission malgré les pertes. Réalisant tout le potentiel du jeune Kais, le commandeur le plaça à la tête d’une équipe stealth chargée d’effectuer de dangereuses opérations de reconnaissance au delà des lignes ennemies. Kais parvint ainsi à localiser une des principales bases de l’aviation ennemie, ce qui permit au Shas’el K’irri de lancer son groupe de chasse dans une attaque surprise qui détruisit l’intégralité des chasseurs impériaux.

La guerre tournait en faveur des Tau après trois mois de combat lorsqu’un des prisonniers impériaux de O’R’MYR s’échappa et informa l’ennemi de la localisation du Bunker de commandement Tau. Kais, qui opérait toujours en territoire ennemi fut rappelé par O’R’MYR qui lui apprit que l’éthéré Aun’Vre avait été assassiné. Le Shas’O LONGKNIFE étant lui-même blessé, il ne pourrait prendre part à la contre-attaque vengeresse des Tau. O’R’MYR, malgré le jeune âge de Kais, l’intégra donc dans son escorte, LONGKNIFE lui ayant confié son armure XV8. Un tel honneur était sans précédent, et Kais en profita pour se démarquer plus encore qu’à l’accoutumée, blessant mortellement le capitaine KAEDES des space marines RAPTORS, avant que les troupes impériales ne se replient en orbite. O’R’MYR en fit par la suite son disciple, lui inculquant les manœuvres les plus audacieuses et le sens de la stratégie.

Kais intégra si bien ses préceptes qu’il fut surnommé « SHARINGAN KAIS MONT’KA » signifiant :

celui qui sait s’adapter à l’ennemi pour lui donner le coup de grâce.

Promu commandeur, il fut envoyé accomplir la troisième phase d’expansion auprès de SHADOWSUN. Il fut alors rebaptisé METHRATON par Aun’VA, du nom d’une créature particulièrement rusée et puissante découverte lors de la colonisation de Sa’cera, sa planète d’origine.

L’uniforme porté par le jeune Kais pendant la campagne sur Taros. Les couleurs sombres de Sa’cea ne convenaient pas aux opérations en terrain aride mais on notera tout de même la présence de marquage orange rappelant son monde d’origine. Comme beaucoup de ses camarades, Kais reste persuadé que si le commandeur FARSIGHT parti en campagne contre les orks à la périphérie du Golfe de Damoclès n’avait pas guidé ses armées si loin au-delà de l’espace connu des Tau pour y bâtir sa propre enclave, des renforts salvateurs auraient pu sauver bien des vies Tau sur Taros. 
SHADOWSUN utilisa cette rancœur à son profit, elle même haïssant profondément FARSIGHTqui l’avait toujours concurrencée depuis que tous deux avaient fait leur classe auprès du célèbre commandeur PURETIDE. Après avoir obtenu d’Aun’Va le titre de nouvelle Héroïne de l’Empire Tau, elle fit de METHRATON son lieutenant, le poussant, au nom du Bien Suprême à traquer et éliminer les Tau renégats ayant prêté serment à FARSIGHT.

LES HERAULTS D’AUN’VA – COALITION TAU COMMANDEE PAR METHRATON

Après avoir été promu SHAS’EL SA’CEA SHARINGAN KAIS MONT’KA, celui qui deviendrait METHRATON se lança dans une série de reconquêtes de mondes Tau tombés aux mains de l’ennemi. Il obtint de nombreuses victoires aux abords du Golfe de Damoclès, là où auparavant avaient opéré les armées du commandeur FARSIGHT.

O’R’MYR, après avoir reçu l’aval du conseil des sages et notamment de Aun’Shi, son propre mentor, décida qu’il était temps que son élève vole de ses propres ailes. Le Shas’El à la renommée grandissante fut donc nommé Shas’O, Commandeur, disposant de ce fait de sa propre force de guerriers de feu. Ses plus fidèles camarades restèrent dans son escorte, tandis que les meilleurs de ses guerriers furent promus Shas’Vre, intégrant les rangs des XV8 CRISIS. Une fois équipé en matériel, le Groupe de Chasse de O’SHARINGAN s’éloigna des guerres de reconquêtes, pour prêter main forte à O’SHASSERA, plus communément appelée SHADOWSUN. Les tactiques de combat à longue portée appliquées avec finesse et stratégie par celle-ci lui valurent très vite l’admiration de O’SHARINGAN. Après plusieurs victoires sur des Xenos Tyranides et Orks, SHADOWSUN porta à Aun’VA, Maître de L’Esprit Eternel, une recommandation en faveur de O’SHARINGAN pour le lancement de la troisième phase d’expansion dont elle devrait assurer la réussite.

Le désaveu de FARSIGHT avait durement été ressenti par les guerriers de feu de VIOR’LA, monde d’origine du Commandeur renégat. De peur de retomber dans le MONT’AU, la guerre civile qui avait menacer de détruire leur race toute entière, Aun’Va décida de lancer la troisième phase d’Expansion, nommant SHADOWSUN nouvelle héroïne de l’Empire et l’entourant des commandeurs les plus en vue, dont METHRATON. Le peuple Tau avait grand besoin de nouveaux héros, et Aun’Va les leur fournirait. Très démonstrative, parfois provocante, SHADOWSUN s’attira vite la faveur des Tau. METHRATON reçut donc la consigne d’entretenir cet esprit de croisade au nom du Bien Suprême, et nomma son armée « LES HERAULTS D’AUN’VA ».

LES HERAULTS D’AUN’VA ont depuis mené plusieurs batailles en bordure de l’Empire Tau. La stratégie déployée par METHRATON s’avérant le plus souvent payante en cas de coalition, sa voix prenait une grande place au haut commandement. Discipliné et honorable, METHRATON s’attira la sympathie de nombreux Commandeurs, même si d’autres voyaient d’un mauvais œil son ascension auprès de SHADOWSUN, tel le commandeur BRIGHTSWORD, ancien élève de FARSIGHT. Son attaque sur NIMBOSA fut sanglante et sauvage. Appliquant le credo de son mentor, et dans sa soif de violence, BRIGHTSWORD porta le combat au corps à corps, causant la perte de nombre de ses guerriers de feu. Malgré sa victoire éclatante sur TAUSCHENKO, commandant des armées ennemies, SHADOWSUN critiqua publiquement ce massacre qu’elle jugeait inutile, reprochant à BRIGHTSWORD de ne pas avoir appliqué la stratégie élaborée lors de la phase préparatoire…et en partie conseillée par METHRATON. Dès lors l’inimitié de BRIGHTSWORD pour METHRATON se mua en haine à peine dissimulée. SHADOWSUN avait toujours suspecté BRIGHTSWORD de connaître l’emplacement exacte de la forteresse de FARSIGHT ; elle souhaitait le pousser à la faute pour qu’il les guide vers lui. Son emprise croissante sur METHRATON l’aiderait certainement dans cette quête. Pour l’heure, elle avait envoyé son protégé sur une planète obscure où l’on avait signalé la présence de renégats Tau : DARK SPHERA. Elle espérait que ce qu’il y trouverait les conduirait enfin à FARSIGHT.

Après la retraite des space wolves, Methraton s’employa à organiser la réhabilitation du spatioport de DARK CITY. Evaluant tout le bénéfice qu’il pourrait en tirer, Methraton pu ainsi planifier plusieurs opérations de surveillance sur l’activité des quartiers environnants, y compris les plus éloignés du spatioport.

Ces soupçons furent vite confirmés : DARK CITY  était la proie de huit autres factions. Au Sud Ouest, des orks avaient établi leur camp principal, menacés par une véritable marée de tyranides qui progressait rapidement vers le centre de la citée, dévorant tout sur son passage, pour finalement assaillir un avant poste de la Garde impériale : la basilique impériale. Pour s’éloigner de la menace tyranide, et suite à la perte d’un quartier servant au ravitaillement de leurs troupes, le chef ork avait utilisé les canalisations de la ville servant au retraitement des eaux usées pour s’infiltrer loin à l’Est, à proximité des troupes eldars qui pour le moment s’afféraient à organiser leur défense.  La garde impériale, occupant légitime de DARK CITY, ne contrôlait désormais plus qu’un solide bastion, certes bien défendu, au Sud Est, progressant sans encombre vers le palais du gouverneur, jusqu’à l’attaque tyranide, en jouant l’indifférence vis à vis de leur voisin eldar. A proximité du spatioport, outre les space wolves dont la farouche détermination guerrière leur avait permis de se tailler un chemin sanglant jusqu’au palais de la ville, des space marines se faisant appeler « chevaliers gris » contrôlaient toutes les zones résidentielles Nord Est à la recherche d’adorateurs du chaos et autres hérétiques, tombant finalement sur des orks infiltrés dans un concert de clameurs xeno(s)phobes et de cantiques guerriers ! D’autres space marines, arborant quant à eux d’immondes bannières pestilentielles, au Nord Ouest, semblaient en difficulté face aux space wolves devant lesquels ils s’étaient repliés, leur progression stoppée pour une raison inconnue. Enfin à l’extrême Nord Ouest de Dark City, les vaisseaux de reconnaissance envoyés par Methraton purent repérer les tau renégats qu’ils traquaient. Leur alliance avec des space marines déchus n’avait semble-t-il toujours pas été rompue. Il faudrait donc les combattre ensemble.

Sitôt que les fonctions principales du spatioport et les systèmes d’armement de la colline du Gibet furent opérationnels, Methraton organisa l’assaut. Il devrait faire atterrir une partie de ses troupes aux abords des quartiers occupés par l’ennemi avant de l’assaillir. Même si cela prendrait plus de temps, il conforterait ainsi sa position en cas de résistance, bénéficiant d’un point de repli possible d’où organiser une nouvelle attaque. Souhaitant mener à bien sa mission punitive le plus rapidement possible, Methraton attaqua le premier quartier possédé par l’ennemi dès que ses forces furent opérationnelles. Il ne bénéficierait pas du couvert d’une aube ténébreuse, mais l’effet de surprise lui permettrait d’occuper un bâtiment fortifié proche, établissant ainsi une tête de pont en pleine zone adverse.

Une fois que l’ennemi l’eut détecté, les bombardements débutèrent. Methraton serra les dents tandis que les vaisseaux ennemis restés en orbite basse pulvérisaient les ruines qui les abritaient, lui et ses troupes. Dans une explosion de gravats, un fragment entier de mur fut projeté en direction du devilfish transportant l’unité de cibleurs. Sonnés par l’impact, les pilotes de l’antigrav dévièrent légèrement leur course, heurtant sans dommage un muret avant de couper les moteurs… il ne faudrait pas compter sur eux avant quelque temps. Méthraton soupira d’aise en constatant que c’était là le seul « dégât » occasionné à son groupe de chasse. Activant son communicateur en liaison avec les batteries de canons de défense positionnées sur la colline du Gibet, Methraton ordonna le pilonnage intensif des lignes ennemies. Dans l’instant, des tirs surpuissants fusèrent à travers le ciel. L’un des transporteurs légers ennemis fut pulvérisé alors qu’il entamait son ascension dans l’atmosphère au dessus de l’armée adverse. De lourds débris incandescents plurent sur l’infanterie embusquée, tuant quelques marines et ravageant une unité de drones d’attaque en soulevant un épais nuage de poussière.

Malgré tout, les space marines déchus furent prompts à  se réorganiser et lancèrent immédiatement leurs troupes en avant. Le soutien combiné du commandeur renégat Misraïm et du shas’o, dont Methraton ignorait encore l’identité, parvinrent à éliminer rapidement les drones de défense de l’équipe broadside, postée au sommet de la tour fortifiée de l’avant poste qu’occupaient Méthraton et ses guerriers. Ce dernier ordonna à son escorte crisis de demeurer à couvert derrière le rempart du bâtiment fortifié en attendant le moment opportun pour surgir et pulvériser l’ennemi. Il craignait à juste titre la combinaison de la puissance de feu des tau renégats et la furie des marines déchus. Il lança tout de même le hammerhead « Nebucadnezzar », escorté de l’escadron de piranhas « vizzerdrix » au devant de l’ennemi afin de stopper sa progression sur le flanc Est. Il lui fallait à tout prix éviter d’être acculé ou ce serait la fin. Les deux escouades de guerriers de feu avancèrent derrière le couvert des ruines les plus proches, prêts à défendre le flanc Ouest. L’opérateur sniper ainsi que les membres de l’équipe stealth « prédator », nommés ainsi en l’honneur de leur prédécesseurs morts au combat, attendraient patiemment à couvert en arrière des lignes, que l’ennemi tente un passage en force au centre du champ de bataille pour l’assaillir d’une multitude de tirs.

Il faudrait à chacune deux armées détruire le plus d’unités possible, ceci afin d’assurer le nettoyage complet du secteur de toute présence ennemie opérationnelle.

En réponse aux tirs du Hammerhead adverse, les broadsides enclenchèrent leurs railguns, immobilisant le véhicule en pleine zone ennemie. Si son terrible canon demeurait opérationnel, il n’apporterait plus qu’un soutien symbolique contre l’avancée des troupes de Methraton. Utilisant les techniques de guérilla inculquées dans les écoles militaires de la caste du feu, les crisis renégates tentèrent elles aussi de détruire le Nébucadnezzar, son blindage résistant cependant à tous leurs tirs.

La tactique poursuivie par les deux commandeurs était la même : annihiler le soutien adverse pour pouvoir progresser sans encombre au sein des lignes ennmies.

Les space marines de Misraïm arrivèrent enfin en position pour faire feu sur les lignes de Methraton, mais ce dernier ne leur en laisserait pas le temps. Remis du terrible choc qu’il avait subi, le devilfish réactiva ses moteurs antigrav, après avoir déposé les cibleurs. Aidés par le désignateur laser multinode de l’opérateur sniper, ceux-ci purent sans mal effectuer de nombreuses touches sur l’unité de space marines. Mettant à profit ses précieuses informations, l’équipe crisis épaulée par les drones sniper et l’équipe « prédator » déversèrent une terrifiante quantité de tirs sur les déchus. Le béton des ruines qui les abritaient volait en éclat dans un fracas assourdissant tandis que les corps désarticulés des déchus tressotaient sous la violence des impacts, terrassés par des tirs de plasma, de fuseur et de fusil rail. Le carnage était effroyable et malgré sa résolution et son entraînement, Misraïm jugea qu’il valait mieux déguerpir en vitesse. Laissant les cadavres méconnaissables de leurs frères derrière eux, les déchus se réfugièrent hors de vue des tau. Le Nebucadnezzar parvint quant à lui à détruire le hammerhead renégat d’un tir de railgun ajusté tandis que les piranhas vaporisaient sans la moindre pitié les crisis adverses, acculées et privées de soutien. Méthraton regretta que le shas’o renégat n’ait pu être capturé, même s’il ne s’agissait pas du commandeur qu’il recherchait… il n’y aurait donc pas de prisonniers.

Les choses allaient très mal pour l’alliance renégate. Malgré la perte d’un piranha détruit par les tirs d’une escouade de guerriers de feu renégats retranchés dans un couvert fortifié, Méthraton progressait inexorablement dans la zone adverse et rien ne semblait désormais pouvoir l’arrêter. Misraïm lança une ultime contre-attaque, envoyant son escouade de motos causer le plus de destruction possible sur le flanc Ouest de Méthraton. Grâce à leur vitesse prodigieuse, celles-ci évitèrent la majeure partie des tirs tau, même si deux d’entre elles furent pulvérisées par les tirs des broadsides pendant leur approche. Les survivants massacrèrent avec délectation toute une escouade de guerriers de feu, roulant sur les malheureux soldats tau ou les déchiquetant sous un tir nourri de bolters à courte portée. Les représailles furent tout aussi violentes, et les déchus à moto mis en déroute.
Alors que les survivants de l’escorte de Misraïm échouaient dans leur tentative de destruction du Nebucadnezzar, l’aspirant avec gantelet n’ayant pu pénétrer le blindage de l’antigrav, l’ombre furtive des stealth « prédator » apparut une dernière fois pour exterminer les guerriers de feu renégats postés en soutien non loin.

La partie était définitivement perdue pour Misraïm qui dut se résoudre à prendre la fuite, accompagné d’une poignée de marines et de tau, tandis que les troupes de Méthraton finissaient d’investir leur ancien quartier en détruisant les derniers signes de vie. Etre à l’abri des Dark Angels ne signifiait pas être à l’abri du danger…Il considéra avec amertume la position de ses alliés tau et ne put s’empêcher de faire le parallèle avec ses propres détracteurs. Si ce Méthraton était de la même trempe qu’Asmodaï, le chapelain investigateur des Dark Angels, il ne les lâcherait pas…fichus fanatiques dégénérés !

Methraton évalua un instant la situation. Il savait que se frayer un chemin jusqu’aux traîtres tau serait difficile, dans le chaos d’une ville en proie à la guerre comme DARK CITY, mais il avait espéré qu’après les violents combats qui avaient mobilisé ses troupes contre Dahaka et son armée de space marines du chaos, il aurait le répit nécessaire à la planification d’une attaque visant à capturer les shas’el et shas’o renégats présents dans l’enceinte des murs de la citée.

Hélas, quelques jours à peine après la dernière bataille à la colline du gibet, les sentinelles en faction devant les barricades dressées sur les limites du spatioport avaient sonné l’alerte : des space marines attaquaient.

Le chapitre des space wolves, représenté par Slaine Crocs d’Acier, avait en effet la ferme intention de nettoyer le spatioport de toute présence non impériale, ce afin de disposer d’un appui supplémentaire pour la reconquête totale de la ville. Retardé par son assaut sur les troupes du Seigneur Noir Sept, sur des quartiers limitrophes aux siens, Slaine avait perdu l’occasion de tuer Dahaka de ses propres mains, et il en conservait une immense frustration. Il souhaitait également évaluer le potentiel de ce nouveau venu, son armée n’ayant pour l’instant affronté aucun ennemi Tau. Ses éclaireurs avaient fait état d’une puissance de feu nettement supérieure à la leur, mais d’une capacité au combat rapproché frisant le zéro absolu. Le fait que de tels freluquets aient pu mettre en déroute l’armée de Dahaka, un ennemi qu’il jugeait pourtant puissant, humiliait Slaine.

« On va les massacrer et prouver à tous que ces xenos ont eu un gros coup de bol ». Slaine sourit à cette idée et donna à ses terminators d’assaut l’ordre d’attaquer.

Après les dégâts qu’il avait subi, le spatioport devenait plus dur à défendre. Le mur d’enceinte s’était écroulé à divers endroits, sous les tirs des batteries de défense, aussi les space wolves parvinrent facilement à s’introduire jusque dans les premiers bâtiments près des pistes.

Methraton regrettait que la tâche ait été plus aisée pour les space wolves qu’elle ne l’avait été pour ses troupes, des dizaines des siens ayant péri pour conquérir les quelques centaines de mètres que Slaine et ses troupes venaient de franchir indemnes. Il ne connaissait pas ce commandant humain, mais déjà il savait qu’il lui ferait payer cher cette insultante provocation.

Methraton disposa ses guerriers à la base du bunker Sud Est, hors de vue des space wolves qui s’étaient déployés au Nord Ouest dans un hangar qu’ils avaient fortifié, situé derrière la tour de contrôle, seul bâtiment les séparant au demeurant. Cette proximité le mettait mal à l’aise, après les atroces moments qu’ils avaient tous vécus sous les assauts des marines du chaos. Il donna tout de même l’ordre à l’équipe stealth de partir en reconnaissance, malgré le funeste destin de trois de leurs membres lors de la précédente bataille. Tandis que l’escadron de piranha contournait rapidement le flanc Est des space wolves, le hammerhead ainsi que le devilfish des cibleurs glissèrent en direction du Nord Est, pour passer sur le flanc Ouest de Slaine. Methraton lança son équipe crisis en direction du bunker central de la tour de contrôle afin de soutenir l’assaut des deux côtés et le moment venu, donner l’avantage au flanc où l’ennemi paraîtrait plus affaibli. Leur objectif était clair : parvenir à capturer le bâtiment possédé par les space wolves tout en assurant la protection de leur propre bunker, afin d’empêcher les space wolves d’établir une tête de pont pour soutenir leur avancée dans le spatioport.

Slaine, comme à son habitude, ne comptait pas faire dans la dentelle. Pour lui, le meilleure attaque devait être la plus brutale qui soit. Il s’attendait à devoir subir une importante quantité de tirs, aussi avait-il sélectionné très peu de véhicules, divers rapports faisant état de l’utilisation de terribles armes antichars par l’ennemi. Seul un land speeder pourvu d’un multifuseur et soutenu par une escouade de longs crocs retranchés dans leur hangar fortifié aurait pour mission de faire taire les chars antigrav qu’il pouvait voir flotter au loin. Slaine attendit d’observer les premiers mouvements ennemis puis lança l’assaut. Les griffes sanglantes de Hanvar le garde loup activèrent leurs réacteurs dorsaux, surgissant de derrière le couvert d’un bosquet d’arbres ayant miraculeusement survécu aux précédentes batailles, et atterrirent à proximité de trois silhouettes indistinctes et mouvantes : les stealth. Les sens aiguisés des guerriers surhumains leur permirent de détecter les tau qu’ils chargèrent avec fureur. Désemparés par la vitesse de cet assaut soudain, les stealth ne parvinrent à tuer qu’un seul des marines et furent tous promptement atrocement mutilés par les épées tronçonneuses de leurs assaillants.

Methraton souhaitait attiré les space wolves vers les guerriers de feu massés en retrait, fusil à l’épaule, mais il réalisa que les stealth, bien trop en avant des troupes, avaient de fait signé leur arrêt de mort en obéissant à ses ordres. Il ne lui restait plus que la vengeance pour apaiser l’atroce sentiment de culpabilité qui pesait sur lui. Il ordonna à l’opérateur sniper dissimulé tout prêt de l’unité des griffes sanglantes de leur faire payer la mort des stealth. De quelques tirs ajustés en pleine tête, les drones mirent rapidement fin à la menace que faisait planer l’unité d’assaut space marines.

Si le flanc Ouest des tau bénéficiait d’un certain répit, il n’en allait pas de même du flanc Est. Escorté de neuf terminators, Slaine avait lancé une offensive majeure sur cette partie du champ de bataille, espérant venir rapidement à bout des chars ennemis afin de porter le combat au corps à corps dans les rangs désorganisés des tau. Alors que les cibleurs débarquaient de leur transport devilfish, il ordonna aux longs crocs de faire feu. Le véhicule tau vola en éclat dans un bruit assourdissant tandis que les canons d’assaut des terminators déchiquetèrent les frêles éclaireurs tau, privés de leur mobilité.

Le hammerhead résista toutefois au tir de multifuseur du land speeder, et répliqua de son canon rail disproportionné. Ce fut au tour du seul véhicule space marine d’être pulvérisé dans une gerbe de flammes.

Profitant d’un instant d’hésitation, Methraton lança une rapide contre-attaque, les propulseurs des armures crisis le portant lui et son escorte jusqu’au sommet du bunker de la tour de contrôle. Surpris par la rapidité de la manœuvre, les terminators de Slaine qui longeaient le murs du bâtiment ne purent éviter les tirs, perdant nombre des leurs dans un enfer de plasma. Au même moment, les broadsides postés en retrait ouvrirent le feu de leurs railguns, pulvérisant malgré la protection de leur couvert blindé deux longs crocs.

Avant même que les terminators survivants aient pu répliquer de leurs canons d’assaut aux crisis de Methraton, celui-ci s’était retranché hors de vue. Pestant contre leur lâcheté, Slaine reconnut qu’il était tombé dans un piège. Le char antigrav demeurait leur seule option de tir, les tau reculant sous l’avancée des terminators afin de se mettre hors de portée de charge, absorbant ainsi l’attaque des space wolves. Comme il l’avait prévu, les tirs ricochèrent sur le blindage du Hammerhead, tandis qu’au dessus d’eux, Methraton réapparaissait pour les harceler à nouveau. Cette fois, il ne resta plus que Slaine pour faire face à l’ennemi, ses derniers compagnons, horriblements brûlés par les tirs de plasma des crisis, ayant chuté pour toujours sur le sol ensanglanté et froid du spatioport. Pendant un instant le seigneur loup regarda ses camarades terminators étendus sans vie, une partie de leur casque fondue avec leur crâne dans une flaque de céramite sanglante et bouillonnante. Les souvenirs de maintes campagnes menées à leurs côtés sur des mondes infestés par le chaos lui revinrent à l’esprit. Il redressa la tête en direction du bunker de la tour de contrôle. Methraton n’avait pas fui une éventuelle contre-attaque cette fois. Il demeurait impassible, engoncé dans son armure crisis et flanqué de ses deux gardes du corps dont le ronronnement des armes à plasma trahissait une mise en garde explicite. Son casque aux lentilles oculaires sans vie tourné vers le space wolves, Methraton ordonna un cessé le feu auquel les tau obéirent dans la seconde.

Un silence pesant envahit un instant le champ de bataille.

« Vous êtes un combattant féroce, seigneur space marine, mais vous êtes à présent dans une impasse. » L’accent robotique du traducteur de l’armure crisis de Methraton résonnait durement aux oreilles de Slaine… parce qu’il disait la vérité.»

« Notre but n’est pas de vous détruire, mais nous le ferons si vous persistez à vous dresser contre nous. »

« Alors c’est la reddition que vous voulez saleté de xenos ?! Je n’ai pas peur de mourir moi ! » répliqua vertement Slaine dans un hurlement de mépris. Son fulgurant se levait déjà pour corriger l’impertinence du commandeur Tau. Le sifflement caractéristique de la mise en marche des railguns portés par les broadsides proches l’arrêta. De toute évidence, il mourrait quoiqu’il arrive… et il était peu probable que son adversaire le rejoigne dans la tombe. Il ravala son geste et sa colère.

« Vivre honorablement… mourir misérablement. A vous de choisir. » Methraton n’attendit pas la réponse et disparut de la vue du seigneur loup.

Slaine sourit… ce fichu xenos avait du cran et de la classe. Finalement il comprenait pourquoi Dahaka s’était fait battre. Bah il avait d’autres choses plus importantes à faire avant de mourir bêtement transformé en gélatine par des dizaines de tirs ennemis. Mais il viendrait réclamer sa revanche… parole de space wolves il venait de se trouver un nouveau partenaire de combat ! Ceci le remplit d’une inexplicable joie malsaine et il tourna les talons en sifflant, sous le regard atterré des tau survivants. Pour Slaine, un space wolf, la guerre n’était rien de plus qu’un défi de tous les jours, une compétition visant à grapiller des honneurs. La mort signifiait la fin du « jeu » et il avait encore envie de jouer.

Sans qu’ils le sachent, les tau insurgés à l’origine de la manifestation Tyranide sur DARK SPHERA avaient été suivis à distance par un croiseur loyaliste de la caste de l’air. A son bord, le commandeur Methraton maintenait une liaison constante avec le nouveau hérault de Aun’va, le commandeur Shadowsun.

Pour le bon déroulement de la troisième phase d’expansion de l’Empire Tau et bien évidemment le Bien Suprême de tous, Shadowsun était parvenue à convaincre Aun’va que la loyauté complète de la caste du feu, et donc des forces armées toutes entières à la disposition des Tau, passait par la recherche et l’élimination systématique des guerriers ayant prêté serment à Farsight et sa faction dissidente. L’arrivée de Methraton sur Dark Sphera concordait avec cet ordre : tuer les traîtres et si possible, les questionner d’abord sur les paramètres de navigation nécessaires à la recherche de la cache de Farsight. Si Methraton parvenait à localiser le commandeur renégat, il serait certainement promu héros de l’expansion, tout comme Shadowsun… une occasion à ne pas manquer !

Lorsque le Solarium, vaisseau de guerre de Methraton, atteignit Dark Sphera, les tau renégats avaient atterri depuis longtemps sur la planète. Les premiers rapports avaient alors témoigné de la folie de leur hérésie : leur orgueil les avait poussés à réveiller La Grande Dévoreuse, en sommeil dans les entrailles de Dark Sphera. Dépassés par le nombre des tyranides qui avaient proliféré à une vitesse plus rapide que prévue du fait de la présence de nombreux autres xenos sur la planète, ils s’étaient vus contraints de s’allier à des space marines déchus… des traîtres à leur race ! Le mépris de Methraton envers les tau renégats n’en devînt que plus grand, tout comme la honte qu’il ressentait d’être parent avec eux.

Il décida de lancer sans plus attendre une offensive sur la citée où la majeure partie d’entre eux s’étaient regroupés : DARK CITY. Sa cible : l’astroport tenu par les space marines du chaos commandés par le seigneur noir Dahaka. La bataille s’annonçait rude, mais l’enjeu était de taille. D’un pas décidé, le commandeur se dirigea vers le pont d’embarquement.

Avant même les premières lueurs de l’aube, Methraton lança son offensive. Le devilfish des cibleurs « Hunters » prit position rapidement à l’Ouest de l’astroport, ses moteurs rugissant furieusement tandis qu’il se lançait à pleine vitesse en direction des bâtiments les plus proches. L’équipe des stealth « Prédator » avait envoyé trois des leurs en reconnaissance près des bâtiments Est. Le gros des troupes occupait le centre du champ de bataille, leurs armes en joue pour parer à toute éventualité. Leur objectif était simple : fixer une balise-marqueur au sommet de chacun des bâtiments principaux en possession des troupes du chaos pour permettre un bombardement précis. De cette façon, l’astroport tomberait rapidement sans trop de dégâts, restant utilisable par Methraton pour les opérations futures.

Les troupes de Dahaka postées sur la colline du Gibet, à une distance proche, avaient repéré les modules d’atterrissage tau et les énormes batteries de canon laser entrèrent en action. Fort heureusement, seul le drone de marquage de l’unité « prédator » fut détruit. Cette perte dérisoire encouragea les tau qui répliquèrent. Malheureusement, même touché de plein fouet, l’énorme defiler « Arachnox » possédé par une entité démoniaque ne subit aucun dégât. Méthraton avait entendu parler des démons et de la terrible combinaison que représentait leur alliance avec les space marines et leur armement. Bien qu’un peu inquiet, il donna le signal de l’offensive.

Leur première cible fut le soutien adverse. Dahaka avait lancé sur eux tout ce qu’il avait de plus résistant et de plus destructeur. Deux dreadnought sortirent de leur couvert au dernier moment, manquant de pulvériser l’escadron de piranha que Methraton avait envoyé en reconnaissance. Le defiler tirait sur tout ce qu’il pouvait détecter, embusqué derrière son couvert d’arbres. Les tirs de la machine démoniaque manquèrent cependant tous leurs cibles : Methraton avait pris le temps de se renseigner sur les capacités des véhicules qu’il aurait à affronter, et il avait déployé ses unités de façon à rester en-deçà de la portée minimale de l’obusier. Cette tactique était cependant à double tranchant : il perdait le bénéfice de la longue portée de ses armes de soutien et se tenait dangereusement près des structures abritant les monstruosités avides de corps à corps qui s’y dissimulaient. Coupant court à ses réflexions, trois terribles oblitérators, retranchés en haut d’une tour fortifiée, firent feu sur les broadsides « Seals » restées en arrière. Le couvert naturel qu’offrait la pénombre matinale leur sauva la vie, même si deux drones postés plus en avant furent désintégrés sous la puissance de l’impact. Un sifflement de surprise échappa à Methraton. La puissance de ces créatures, à mi-chemin entre l’homme et la machine, était sans précédent : ils étaient capables de répliquer l’arme la plus adaptée à l’ennemi du moment. Considérant avec respect la menace qu’ils représentaient, le commandeur leur fit l’honneur d’être adoptés par tout le groupe de chasse comme « cible prioritaire ». Le déferlement de tirs qui suivit leur marquage au laser par les cibleurs « Hunters » débarqués de leur devilfish les extermina tous dans une gerbe d’explosions mêlées de sang et de particules de métal fondues. Satisfait, Methraton tourna son attention vers le defiler, tandis que l’escadron de piranha achevait de détruire les deux dreadnoughts du chaos d’une salve de tirs de fuseur à courte portée. D’un signal, le hammerhead fit vrombir ses moteurs antigrav tandis que son module de stabilisateur d’armes transmettait à l’artilleur une foule de données balistiques, assurant un tir le plus parfait possible. Malgré son mouvement, le char tau parvînt à optimiser un angle de tir adéquate. D’une seule salve de railgun, le defiler vola en un milliers d’éclats incandescents. Son cri d’agonie surnaturel glaça le sang des tau… ils venaient de réveiller la colère des démons.

Le temps leur manquant avant l’arrivée des renforts du chaos, le commandant en second de Methraton, le shas’o « Talkis » lança son équipe crisis « Sharingan » en avant. Methraton ne fut pas assez prompt à leur ordonner le repli : ils tombèrent dans le piège de Dahaka. Embusqués dans un sanctuaire maudit depuis le début du combat, de fervents adorateurs de Khorne venaient en effet d’achever leur rituel du sang. L’aspirant champion couvert de chaînes démoniaques sacrificielles abandonna alors toute résistance pour se laisser posséder par un terrible démon majeur de Khorne. Ses traits défigurés et son corps atrocement déformé se déchirèrent dans un crissement sanguinolent tandis que l’horreur qui en surgissait déployait ses ailes.

Le démon chargea dans les rangs tau sans plus attendre. Sa rapidité et la soudaineté de son attaque prirent au dépourvu l’équipe Crisis de Talkis. Ravalant leur terreur, ces derniers résistèrent vaillamment. Mais une fois leurs drones de protection détruits, ils perdirent tout espoir de victoire face à cette monstruosité dont ils n’appréhendaient même pas l’existence avant cette bataille. La créature déchaînée fut plus prompt et les décapita tous d’un revers de griffes alors qu’ils s’échappaient.

Terrifiés par cette perte, les tau devenaient hésitants. Methraton surmonta sa frayeur et ordonna un tir continu sur le démon. La bête sortie des Enfers hurla tandis qu’un tir chanceux parvenait à la blesser légèrement. Le désespoir gagna les rangs tau de l’escouade « Nova » tandis que le monstre les chargeait. Dans sa fureur, les corps déchiquetés des malheureux guerriers de feu volaient en tous sens sans que ceux-ci puissent même espérer riposter tant la différence de force était grande. Voyant que le front d’attaque était perdu, Methraton tenta de faire pression sur les flancs de l’ennemi. Il constata avec une grande déception que les stealth « Prédator » venaient d’être pris à partie par un groupe de space marines du chaos galvanisés par l’arrivée du hérault de Khorne. Malgré leur résistance acharnée, ils périrent tous sous les coups répétés de leurs adversaires.

Dans une tentative désespérée, Methraton ordonna à l’escadron de piranha de se positionner sur le bâtiment-objectif central pour y déposer un marqueur tandis que le hammerhead tenterait une approche particulièrement dangereuse en atterrissant dans les ruines du dernier édifice pour y placer la dernière balise nécessaire à leur « victoire ».

De sa navette, le commandeur retint son souffle tandis que les pilotes manœuvraient avec soins dans l’enfer du champ de bataille. Finalement les marqueurs purent être déposés et tout l’équipage de la navette de commandement, positionnée en orbite basse, put respirer.

Le démon majeur poursuivait son carnage parmi les rangs des guerriers de feu, condamnés. Leur sacrifice avait cependant servi plus que jamais le Bien Suprême, car le temps précieux qu’ils avaient pu octroyer au reste du groupe de chasse avait permis de remplir les objectifs de cette mission difficile.

Tandis que les survivants de l’armée Tau, qui le pouvaient encore, se repliaient, le signal des balises fut actionné, transmettant les données géo-tactiques nécessaires au bombardement. Le vaisseau de guerre en orbite lança alors une salve de tirs dévastateurs qui détruisirent les uns après les autres les relais de commandement de l’armée de Dahaka. Ivre de colère, le seigneur du chaos tenta une contre-attaque qui fut cependant étouffée dans l’œuf par Methraton en personne.

Finalement, alors que Dahaka se repliait sur la colline du Gibet, ses dernières forces délaissant les poste avancés qu’elles avaient constitués dans Dark City pour venir le soutenir, Methraton saisit la seule chance qu’il aurait de venger ses frères d’armes tombés au combat. Atterrissant au milieu d’un cercle d’invocation grâce au prototype d’armure XV22 beta confié par Shadowsun, le système de camouflage holographique qui l’équipait lui permit d’avancer discrètement parmi les dévots en transe jusqu’à Dahaka, posté au centre sur un piédestal improvisé. Alors qu’il levait les bras au ciel pour recueillir la puissance offerte par les dieux du chaos en échange de son âme, ce dernier remarqua trop tard une silhouette floue lever un système d’arme dans sa direction. Deux éclairs aveuglants vaporisèrent son corps au dessus de la ceinture, ne laissant que ses lourdes jambes encore fumantes, engoncées dans un reliquat d’armure terminator, tomber au sol dans un bruit sourd.

Le cercle détruit, le reste de l’armée du seigneur noir fut mise en déroute et ses survivants massacrés sans pitié. Il ne restait maintenant plus qu’à traquer les traîtres tau qui les avaient conduits ici. Ils paieraient pour tous ces morts, c’était maintenant chose certaine : le terme « rédemption » n’avait plus d’équivalent tau pour Methraton…

Les orks étaient nerveux… Ils semblaient sentir que les tyranides les avaient suivis jusque dans cette partie de la citée impériale. Ces maudites bestioles ne les lâcheraient pas… elles s’infiltraient partout ; le moindre interstice leur suffisait. Le big boss « Lord Lhôtr » songea un instant que dans cette hypothèse, effectivement, le fait d’avoir détruit tout un pan de la muraille sud ouest de la ville de Dark City pourrait s’avérer pénalisant pour endiguer la progression de ces monstruosités à pattes. Mais il n’avait pas eu le choix en vérité : ces stupides gardes impériaux avaient refusé de leur ouvrir les portes, ils avaient donc dû les défoncer avec leur chariot de guerre. A la réflexion, il se rappela qu’il n’y avait pas de porte à cet endroit là… Bah ce qui était fait l’était pour de bon. N’empêche qu’ils avaient été contraints de se retrancher dans un groupe de quartiers et d’établir au plus vite des barricades pour se prémunir du xenos affamé.

Une zone cependant restait fragile : la place des exécutions. Le gouvernement de Dark City, suite à l’invasion de la colline du Gibet par les forces du chaos, avait été contraint de choisir un autre endroit pour éliminer tous ceux qui n’étaient pas en odeur de sainteté avec l’Empereur… et dans les circonstances actuelles, cela représentait beaucoup de monde ! Malheureusement, les orks, dans leur retraite désorganisée face aux tyranides, étaient tombés au hasard des rues sur la place, interrompant l’office quotidien dans un tapage de beuglements et de crissements de pneus. Massacrant « hérétiques » et fidèles de l’empereur sans distinction aucune (signe que les orks ne sont pas xénophobes, eux) ils avaient pris le contrôle des lieux et établi un camp de transit de matériel.

Les tyranides avaient dû flairer cette faiblesse car ils saisirent l’opportunité qui leur était donnée d’enfoncer le flanc ork. Réunissant deux essaims, ils se ruèrent à l’aube en direction des orks afférés au ravitaillement des zones Sud de Dark City occupées par leurs semblables.
Pris au dépourvus dans la pénombre et le brouillard résiduel de la citée, les orks eurent toutes les peines du monde à organiser leur défense. Ils établirent finalement un périmètre en se retranchant dans le dernier quart du secteur délimité par la place, arrosant tout ce qui tentait d’y pénétrer d’une grêle continue de tirs. Les tyranides les plus faibles tombèrent rapidement, mais à la faveur de l’obscurité fraîche et humide, une horde de genestealers menée par un terrible xenos déviant « alpha » parvînt à s’infiltrer sans trop de peine, massacrant les orks qui protégeaient le flanc droit des peaux vertes.
Le carnage allait commencer…

Les maigres instants mis à la disposition des orks pour affaiblirent le flot de dents et de griffes qui avançait inexorablement sur eux arrivèrent à leur terme : les tyranides furent alors à portée de charge. Aggravant les pertes causées par les genestealers et la monstruosité qui les guidait, deux carnifex ainsi qu’un terrible prince tyranide se jetèrent dans la mêlée. Tout n’était plus que chitine, rage et sang dans le chaos d’un bombardement continu de spores mines engendrées par des biovores retranchés et inaccessibles.

Malgré leur détermination farouche et leur bravoure face à l’horreur xenos, les orks durent se rendre à l’évidence : rien ne semblait devoir contenir une telle menace. La faim dévorante qui poussait ces répugnants insectes à se ruer sur leurs proies sans considération pour le nombre de victimes causées dans leurs rangs semblait en effet décupler leurs effroyables capacités au meurtre et à l’annihilation.

La race des orks, qui pourtant était née pour la guerre et conçue dans ce sens, dût se replier cette fois-là… C’était la première fois que la mort leur apparaissait dans toute son épouvantable et sanglante horreur.

Les tyranides ne poursuivirent pas les survivants peaux vertes en déroute. Les voraces finirent de déchiqueter de leurs dents acérés les cadavres et les dépouilles agonisantes des mourants, qu’ils soient orks ou tyranides pour ensuite se jeter dans les bacs remplis de sucs gastriques des fosses à digestion, dégageant une odeur écœurante à mi-chemin entre la pourriture avancée et les selles d’une créature malade. Les guerriers tyranides utilisèrent leurs étranges pouvoirs de contrôle synaptique pour appeler les « bâtisseurs », des créatures lentes et rampantes qui déglutirent une substance visqueuse et collante qui durcit à l’air libre. De petits essaims de créatures les relayèrent pour modeler cette horrible matière, et bientôt de hautes tours organiques s’élevèrent sur le champ de bataille : la place des exécutions était devenue un nouvel intestin pour la Grande Dévoreuse.

A peine rassasiés, les tyranides se remirent en mouvement en quête de nouvelles proies… Dans cette citée en guerre, ils n’auraient pas à chercher longtemps !

Les Tau sont là pour prouver leur valeur en massacrant le plus de tyranides possible sur DARK SHERA, et ainsi intégrer les rangs de l’armée de FARSIGHT. Le commandeur renégat a réhabilité sur différentes planètes des « couveuses » qui attendent d’être réveillées par des intrus imprudents, attirés par la mise en marche des antiques constructions. Même si Farsight y a fait apposer la marque Tau, personne ne sait exactement qui est à l’origine de ces monstrueux édifices. Les tau ont immanquablement dirigé leur attention vers DARK CITY, la ville géante offrant un vivier de nourriture inestimable pour leurs proies tyranides.

Ceci introduit une nouvelle amélioration d’armure XV8 Crisis : un système holographique semblable à celui des XV 85.

Les Eldars étaient juste là au mauvais moment. Arraisonnés par les autorités impériales après que leur signalement ait été repéré suite au « tir » venu de nulle part, ils doivent négocier leur retour sains et sauf. La puissance de leur croiseur a été amoindrie suite à une avarie causée lors d’un raid mené par leurs pires ennemis : leurs cousins eldars noirs. C’est la raison pour laquelle ils sont forcés de négocier avec une race qu’il méprise : l’impérium, et plus particulièrement le gouvernement de DARK CITY.  Toutefois, il se pourrait qu’ils ne soient pas au bout de leur surprise : leur prophète a en effet cru apercevoir, dans ses visions, une menace mystérieuse sur DARK SPHERA mais aussi la promesse d’un grand pouvoir ; à croire que leur destinée les a poussés à s’aventurer dans ce système.

Les Space marines et les Chevaliers gris sont parvenus sur DARK SPHERA par le portail qu’ils ont emprunté pour fuir MEDUSA. Leur apparition sur la planète gelée coïncide avec le reste des évènements qui s’y sont déroulés depuis que le vaisseau Tau a ouvert une brèche dans le manteau glacé de DARK SPHERA. A leur arrivée sur la planète, Taranis a finalement compris que l’un des space marines, possédé, avait révélé leur position à son ennemi de toujours : Dahaka, le seigneur du chaos. Il s’est donc frayé un chemin vers la surface de la planète, le portail d’arrivée se trouvant loin sous la surface, pour émerger sur une étendue glacée, non loin de la capitale de la planète : DARK CITY, une ville géante, peu avant que les combats ne débutent. Leur but est en premier lieu de se débarrasser une bonne fois pour toutede Dahaka et de son mystérieux allié servant Nurgle, mais également d’enquêter sur la nature et la raison d’être du portail qu’ils ont franchi.

Les Orks ont perdu nombre des leurs en tentant de prendre la station anciennement occupée par les impériaux mais vite assiégée par les tyranides sortis en masse de la crevasse percée par les tau. Le chef ork a dû fuir avec le reste de son armée vers DARK CITY, tant la marée tyranide était importante, où ils ont finalement réussi à faire jonction avec le groupe survivant échoué sur le versant caché du lieu du crash. (et oui ils sont coriaces ces orks). Munis de leur chariot de guerre, l’assaut des murs de la citée ne fut qu’une formalité…

Leur but premier en arrivant sur la planète était de piller ses ressources et notamment ses usines d’armement dont ils ont appris l’existence suite à un raid effectué sur un vaisseau-cargo qui en provenait. Maintenant ils veulent surtout tout démolir.

Les troupes du chaos ont bénéficié d’un certain effet de surprise. Leur nombre et le fait qu’ils soient les seuls à avoir pu lancer une attaque orbitale fait qu’ils n’ont pas eu trop de difficulté à prendre le spatio port de la ville… même s’ils ont dû reculer par la suite sous les contre attaques combinées des Chevaliers gris et des Space marines. Leur but est de capturer Taranis, reprendre l’Orbe Noire et chercher le portail pour ouvrir par son intermédiaire un seuil infernal et livrer une partie de la galaxie aux horreurs du Warp.

Les tyranides n’ont aucun but si ce n’est d’absorber toute vie sur la planète. Ils ont toutefois entendu le signal psychique d’une forme de vie tyranide en sommeil depuis très longtemps sous la surface gelée de la planète. S’ils parviennent à la libérer, le destin de bien des mondes pourrait basculer dans l’horreur. Ils sont déjà aux portes de DARK CITY.

La garde impériale, totalement dépassée par les évènements, n’espère plus qu’une chose : survivre et évacuer la population civile.

QUE LA BATAILLE COMMENCE !

La guerre pour MEDUSA V a pris fin dans une effusion apocalyptique de terreur et de violence lorsque la tempête Warp a submergé la planète déchirée par les combats.

Avalé par l’essence même du chaos, le témoignage de milliers d’atrocités occasionnées au cours de mois de souffrances a disparu dans un hurlement strident, amplification de milliards de voix et de cris, humains ou non, des derniers représentants des espèces en conflit encore présents sur le monde dévasté.

L’une des dernières sections armées à quitter la planète fut celle du Grand Maître Taranis, menant vaillamment ses chevaliers gris au devant d’un important contingent nécrons. Ils étaient venus prêter main forte à un détachement de space marines acculés et préparés à mourir le plus dignement possible face aux terribles xenos. Ce qui était apparu comme une lueur d’espoir se transforma en déception supplémentaire lorsque les marines découvrirent que l’effectif commandé par Taranis avait subi de lourdes pertes en affrontant son ennemi de toujours : le seigneur du chaos Dahaka. Il devint certain pour tous ces fiers guerriers que leur destin s’accomplirait dans une mort honorable. Entonnant leur plus grand cantique à la gloire de l’Empereur, les chevaliers gris chargèrent dans les rangs nécrons. Personne ne sut comment expliquer le phénomène qui suivi, et nombreux furent ceux qui l’interprétèrent comme une manifestation du pouvoir de l’Empereur : alors que Taranis, en tête, galvanisé par le chant des saintes écritures approchait des êtres de métal impassibles, deux intenses éclairs d’une lumière aveuglante frappèrent le sol poussiéreux de la planète condamnée, creusant un profond sillon sur chacun des flancs des Spaces marines regroupés en fer de lance pour l’ultime charge. Dans un grondement de fin du monde, le sol se fissura, disloquant le champ de bataille pour n’épargner que la mince partie occupée par les courageux guerriers.

Alors que l’armée nécron chutait dans un abysse de lave en fusion, jusqu’au noyau meurtri de MEDUSA, Taranis aperçut une forte lueur verte croître au sein d’une structure monolithique encadrée de tours gigantesques : un portail.

MEDUSA sombra à l’instant même où le dernier space marine encore valide franchissait la porte ésotérique vers un monde inconnu.

Au même instant, à des centaines d’années lumière, un croiseur de bataille TAU approchait de la bordure oriental du segmentum solaris, à destination de la planète de DARK SPHERA, nommée ainsi en raison de ses nuits particulièrement longues, phénomène dû à une rotation lente autour d’un soleil éloigné.

Les flancs de l’imposant vaisseau de guerre, dissimulé par un système de camouflage particulièrement avancé, arboraient le symbole de la caste dissidente du commandeur Farsight. Une seule allusion à « l’hérésie Farsight », combattant de la caste du feu puissant et belliqueux du peuple tau, suffisait généralement à enflammer de haine et de mépris le peuple Tau tout entier, et plus particulièrement ses dirigeants, les Ethérés, qui avaient désavoué Farsight suite au schisme que la doctrine qu’il prêchait avait causé au sein de ce peuple basé sur le communautarisme. Là où les Ethérés voyaient le devoir et l’obéissance pour le bien du peuple Tau, Farsight voyait l’esclavage et l’assujettissement à une politique dont les retombées ne pouvaient satisfaire son ambition. Farsight s’était créé son propre empire, par la force et la destruction. Il avait colonisé mondes après mondes pour son seul profit, et celui de tous ses suivants qui se montreraient assez forts pour le servir et en profiter. Les guerriers tau en approche de DARK SPHERA étaient de cela. Mais avant d’intégrer les rangs du commandeur, ils devraient prouver leur valeur en combattant l’un des pires ennemis que la race Tau ait jamais eu à affronter, une espèce sans pitié dont l’acharnement à la guerre forçait le respect…

DARK SPHERA serait le lieu de leur épreuve, ainsi en avait il était décidé.

Le croiseur stoppa son approche. Après confirmation des dernières données sur leur position et des rapports de détection de signaux ennemis, le vaisseau tira un unique rayon d’une puissance formidable en direction de la planète, qui alla perforer profondément sa croûte glacée aux abords d’une station de reconnaissance occupée par un faible contingent de la garde impériale.

L’épreuve venait de débuter… il n’y avait plus qu’a attendre.

L’expédition avait été préparée à la hâte, ce qui ne plaisait guère au lieutenant Dauckins. Mais il fallait reconnaître que les rapports étaient pour le moins inquiétants. L’équipe en place avait fait état d’un trou béant dans la calotte glacée de la planète, non loin de la station de reconnaissance où il venait d’être affecté… quelle chance. Si Dauckins avait souri à la lecture des témoignages sur le sujet, une appréhension sourde le prit au ventre une fois sur place. Tel un forage parfait, le trou d’un diamètre de près de vingt mètres exhibait des parois lisses s’enfonçant profondément dans l’obscurité. L’attention se porta bien évidemment sur les abords de la planète, à la recherche d’une présence potentiellement hostile.

Le lendemain de la découverte, un vaisseau eldar, l'ombre d'Alaïtoc fut effectivement identifié. Immédiatement, le gouvernement local procéda aux mesures de défenses habituellement requises lors d’un assaut orbital, bien qu’aucune autre force xenos n’ait été détectée. Un tir de semonce stoppa le croiseur eldar qui entreprit d’envoyer des émissaires sur DARK SPHERA.       

Dauckins avait d’abord cru comme beaucoup que le tir visait la station et l’avait manquée, même s’il ne pouvait l’expliquer. Le groupe de bâtiments n’avait en effet aucune importance stratégique et sa destruction se serait avérée de faible utilité en cas d’assaut massif visant à coloniser la planète. C’était plus une sorte de relais météo et de poste avancé lors des rares déplacements que devaient assurées les patrouilles étudiant la stabilité de la calotte glacée, immense étendue neigeuse recouvrant le tiers de la planète par son pôle Nord.

Très vite cependant, alors que la tension montait entre les diplomates eldars et impériaux, les instruments équipant la station détectèrent une activité souterraine inhabituelle. Craignant une fonte accélérée des couches inférieures de la planète causée par l’appareillage ayant servi à perforer la surface de DARK SPHERA, une expédition, menée par Dauckins, fut envoyée sonder les profondeurs, mais ne donna bientôt plus signe de vie.

Le contact radio fut coupé rapidement, mais l’épaisseur créée par les multiples strates de glace composant le manteau planétaire et la profondeur du trou étaient conséquentes, aussi ne soupçonna-t-on d’abord rien d’anormal.

A des kilomètres sous terre pourtant, une machinerie complexe était en marche. Quelque chose avait été construit là voilà plusieurs millénaires, bien avant que la re-colonisation de la planète ne débute suite à une catastrophe inexplicable qui avait entraîné la mort de tous les premiers colons. L’équipe de Dauckins découvrit une construction sophistiquée agencée en un labyrinthe mobile qui abritait en son sein la plus abominable des espèces jamais rencontrées par l’homme : des tyranides. Juste avant de perdre connaissance dans le bac à digestion dans lequel il venait d’être jeté à demi-mort, Dauckins comprit qu’il était la nourriture venue réveiller une immense couveuse…portant la marque Tau.

Alors qu’il palabrait encore avec les diplomates impériaux, le prophète Shezaar Panshir réalisa pourquoi son espèce avait si mauvaise opinion des humains. Il lui semblait qu’après trois jours de discussions animées sur le fait de savoir si oui ou non son croiseur avait tiré une salve sur DARK SPHERA le débat n’avait pas progressé d’un pouce. Au contraire, la tension montant, le dialogue devenait plus agressif d’heure en heure.

Shezaar songea un instant que si les impériaux avaient eu vent de sa véritable identité, ils auraient tous été immédiatement exécutés. L’ost d’Alaïtoc était en effet réputé pour ses compétences en matière de guérilla urbaine, d’infiltration et d’assassinat, ce qui lui valait la méfiance et le mépris de bien des mondes impériaux. Shezaar avait souvent mené des missions commando visant à saboter des usines d’armement ou à renverser des gouvernements impériaux. La garde impériale et les space marines avaient repris le nom dont l’avait baptisé un chef ork inspiré par ses faits d’armes et son efficacité : Le Renard du Désert. Parfois ses actions jouaient en faveur des ennemis de l’empire humain, et parfois non, lorsque que ses cibles étaient des rebelles infectés par le chaos. A la vérité, le seul but poursuivi par Shezaar visait à maintenir le statu quo : l’Impérium était un mal nécessaire à la survie de la race Eldar. Cette vérité, Shezaar l’avait apprise de son mentor, alors que celui-ci avait localisé le temple des monstrueux culexus sur une planète cachée et s’était résigné, la mort dans l’âme, à ne pas le détruire malgré l’armement conséquent dont il disposait. Il s’employait donc à préserver l’Impérium de la vermine, tel un arbuste fragile, en élaguant toutefois les branches qui tendaient à le faire croître. Ceci lui valait l’inimitié de bien des vaisseaux mondes eldars qui l’accusaient de traîtrise. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Ost de l’Ombre d’Alaïtoc était bien plus lourdement armée qu’une Ost d’Alaïtoc standard, afin de ne pouvoir compter que sur ses seules ressources.

Mais la véritable force du prophète était qu’il avait appris à entrevoir les futurs possibles et que toutes ses actions étaient mûrement réfléchies. L’ombre d’Alaïtoc aurait pu sans problème poursuivre son chemin dans des conditions normales, mais l’avarie qu’il avait subie suite à l’assaut d’une flotte de pirates eldars noirs et l’étrange vision qu’il avait eue récemment l’avait poussé à se risquer sur DARK SPHERA. Malgré des siècles d’expérience, ses pensées étaient restées mystérieusement floues : une surface liquide verdâtre, ondulant au rythme croissant du martèlement continu de milliers de créatures indistinctes, puis une ombre plus furtive encore que les rangers de son ost, éclairée par intermittence par une pulsation bleutée et sourde ; ensuite le souffle rauque et terrifiant d’une respiration dans les ténèbres soudainement percées de l’éclair scintillant d’une lame montée sur une longue hampe en adamantium. Enfin, dans un silence absolu, émergeant peu à peu de la surface liquide, un visage eldar portant la marque de l’ancien royaume.

Shezaar Panshir, qui se faisait passer pour un simple ranger par mesure de sécurité, s’était écarté des débats houleux et songeait à ce fameux rêve lorsque l’alarme générale fut donnée :

un vaisseau forteresse du chaos venait d’être détecté dans le secteur proche de DARK SPHERA. Oubliant pour un temps leurs dissidences, eldars et impériaux se préparèrent à défendre un intérêt commun : leur survie.

Le seigneur du chaos Dahaka observait les écrans de contrôle du gigantesque vaisseau forteresse. Il suivait un signal émis par un « agent infiltré » au sein des space marines qui lui avaient échappé sur MEDUSA. Il savait que sa défaite sur la planète détruite par les Rapides lui vaudrait la mort s’il revenait se présenter à Ygehtmor… à la condition que lui-même soit encore en vie ! Il avait donc décidé de racheter sa faute en capturant Taranis, le grand maître des chevaliers gris qui avait dérobé l’Orbe Noire, un artefact qui devait servir à ouvrir le seuil infernal sur MEDUSA. Le nom même du Grand maître semblait lui écorcher atrocement la bouche, tant il grimaçait en le prononçant. Il songea que dans le chaos et la terreur de l’enfer qu’était rapidement devenu MEDUSA, il avait été aisé de corrompre une partie des space marines qui y avaient combattu. Par chance, l’un d’entre eux avait survécu et dans le tumulte, avait pu suivre le Grand maître. Grâce aux pouvoirs de vision du chaos, Dahaka avait assisté à la victoire miraculeuse des chevaliers gris face aux nécrons, et avait guidé son serviteur  au travers d’un portail mystérieux.

Il les avait ainsi suivis jusqu’ici. Dahaka n’était toutefois pas seul, il avait en effet trouvé judicieux de s’allier à un puissant seigneur de Nurgle, rescapé tout comme lui avec une partie de son armée, du « massacre MEDUSA ». Si tous deux agissaient dans le but de retrouver la confiance de leur maître suprême, Abaddon Le Fléau, ils virent bien vite quel profit ils pourraient tirer de la situation : en modifiant les données de l’étrange portail d’arrivée, dont ils devinaient à présent l’existence sur DARK SPHERA, grâce à l’Orbe Noir, ils pourraient à nouveau tenter d’ouvrir un seuil infernal, bien que de moindre importance, et offrir la majeure partie de la bordure orientale aux hordes de démons du Warp !

L’alerte signifiant qu’ils venaient d’être repérés par les relais de défense orbitaux ne diminua même pas l’enthousiasme de Dahaka. « Quel délicieux carnage se sera bientôt ! » jubila-t-il intérieurement.

Le Chef de guerre ork leva un instant les yeux au ciel. Il avait fallu que sur toutes les planètes qu’il avait croisé durant son voyage ce soit justement celle qu’il voulait piller qui devienne en quelques jours à peine, le rassemblement de six races aux objectifs quasi opposés. Il jeta un regard en arrière en direction du space hulk écrasé. De multiples brèches dans la coque donnaient un aperçu de la puissance de feu qu’ils avaient subi, lui et ses guerriers, qui finissaient d’extraire ce qui pouvait encore être sauvé de l’épave. Cass’Tronch, son bras droit, avait également survécu au crash. Un mékano s’occupait de réajuster ses deux bras cybernétiques, pulvérisés lors de l’explosion d’un gros fling il y avait plusieurs années. Cass’Tronch s’approcha pour faire son rapport. Le chariot de guerre et une bonne partie de l’armée semblaient intacts… une chance.

Le chef songea que tout s’était vraiment déroulé très vite. Dès leur arrivée dans l’atmosphère de la planète, ils avaient été la cible de tirs nourris venus de nulle part. Des tirs dévastateurs, causés par des armes plus puissantes encore que le canon zap (quand il fonctionne). Le chef avait dès lors soupçonné les Tau. Il n’en avait pas souvent rencontrés, mais le souvenir qu’il en avait gardé s’associerait pour toujours à des épaves fumantes de trucks projetés en tous sens.Le vaisseau, dépressurisé, s’était ensuite cassé en deux. Les réacteurs de secours avait permis un atterrissage de fortune sur les flancs gelés d’une des nombreuses chaînes de montagne hérissant la surface de la planète. Par miracle, l’autre partie du vaisseau, échoué sur le versant opposé de la falaise avait laissé des survivants, mais le contact radio avait été coupé après qu’une alerte « bestiole » ait été donnée… depuis plus rien. Bestiole… çà devait être des tyranides. De mieux en mieux.

Clef d’douz, le mékano le plus doué de la bande, avait par la suite réussi à pirater un canal crypté de la planète…

Apparemment des eldars, stationnés en orbite, se préparaient à une défense acharnée face à l’arrivée d’un vaisseau-forteresse du chaos.

Un craquement sur une corniche qui surplombait le site du crash le tira de ses pensées. Les tyranides avaient dû les repérer et pour l’instant il conclut qu’il valait mieux filer. L’important c’était de se regrouper quelque part, et justement il avait détecté une petite station non loin, tenue vraisemblablement par une faible garnison de gardes impériaux.

En vérité il pensa que tous ces évènements l’importaient peu. Il était un chef de guerre venu pour se battre et piller les ressources de cette planète pour sa WAAAGH et c’est ce qu’il ferait. Il allait juste y avoir plus de monde sur qui taper !